Discours de M. Eric Besson à la Fondation Alliance Française, le jeudi 12 février 2009

12 février 2009

Allocution de M. Eric Besson

Ministre de l’Immigration, de l’Intégration,

de l’Identité nationale et du Développement solidaire

Visite de la Fondation ALLIANCE FRANCAISE

ALLIANCE FRANCAISE DE PARIS

Paris - 12 février 2009

Seul le prononcé fait foi

Madame la Directrice,

Monsieur le Directeur général,

Mesdames, Messieurs,

Vous me permettrez un court propos d’explication sur ma présence en ces lieux aujourd’hui.

Sachez, en premier lieu, que je tiens à vous remercier pour votre accueil mais aussi pour votre action variée au service du rayonnement de notre pays. La Fondation de l’Alliance française, de création récente, en 2007, avec les 1070 implantations locales qu’elle accompagne de ses conseils constitue un point de référence de la présence de la France à travers le monde. Comme le prouvent les plaques d’honneur dans l’entrée de vos locaux, depuis plus d’un siècle, la France rayonne dans le monde grâce au travail extraordinaire du réseau des Alliances.

Vous êtes l’avant-garde, je dirais même les pionniers de l’apprentissage du français à l’étranger.

Car ce rayonnement est d’abord celui de notre langue que vous servez avec tant de talent. 460.000 étudiants fréquentent les alliances françaises et apprennent notre culture et à notre langue par le réseau que vous fédérez.

Et c’est bien là la raison de ma visite. Car non seulement l’identité de notre pays, c’est d’abord notre langue ; et le dynamisme de notre langue, c’est en partie à votre expertise pédagogique pour la transmettre que nous le devons. C’est pourquoi je crois que nous pouvons et devons travailler ensemble.

Sachez que j’ai fait de l’apprentissage du français la pierre angulaire de l’intégration.

En effet, un parcours d’intégration réussi dans notre pays passe d’abord par la maîtrise du français, surtout pour les migrants au titre du regroupement familial ou les conjoints de Français. Il en va de leur intégration dans la société française. Il ne faut pas attendre d’être en France pour se préoccuper de la maîtrise du français : l’apprentissage de la langue doit commencer dans le pays d’origine.

Or, le réseau de l’Alliance française fait preuve non seulement de sa présence continue à travers la planète mais aussi de sa compétence pédagogique ; nous l’avons vu aujourd’hui pour ce qui est de l’implantation parisienne. La volonté de la France de faire débuter le parcours d’intégration dans le pays d’origine va élargir le public des alliances françaises, ce dont je me félicite.

La circulaire publiée aujourd’hui par mon ministère conjointement avec le ministère des affaires étrangères décline les conditions dans lesquelles les tests et les formations au français et aux valeurs de la République vont être organisées dans tous les pays où la France est représentée.

Je tiens à rappeler que ces tests et les formations sont entièrement gratuits pour la personne qui souhaite venir s’installer en France.

En étroite liaison avec les autorités diplomatiques et l’ANAEM les alliances françaises auront toute leur place dans ce dispositif notamment en matière de formation au français. Il y a là un partenariat à construire dans la durée avec l’ANAEM auquel, Monsieur le Directeur général, vous saurez - je n’en doute pas - contribuer.

Dans le cadre de la mise en œuvre de ces nouveaux dispositifs, des contacts entre l’ANAEM et les Alliances Françaises locales sont déjà réalisés ou en cours d’établissement. Je pense notamment à la Turquie. C’est vrai dans les pays où l’ANAEM et une Alliance française sont présentes. Il faut aussi le faire entre le siège de l’ANAEM et les Alliances françaises locales lorsque l’ANAEM n’a pas de représentation locale.

Quant à Paris, la Direction de l’ANAEM et mes services ont déjà rencontré à plusieurs reprises les représentants de l’Alliance française, afin d’échanger notamment sur cette question cruciale du niveau que l’on peut exiger d’un étranger souhaitant s’installer durablement en France. J’ai demandé à ce titre à mes services, en liaison avec des opérateurs comme l’Alliance française, de me faire des propositions dans le cadre du parcours individuel d’intégration pour la fin du premier semestre 2009. Le parcours d’intégration est individuel ; il doit en être de même en matière d’apprentissage du français, pour reprendre cette belle expression du Code civil, « selon sa condition ».

Je n’ignore pas la situation très spécifique des Alliances françaises locales par rapport au travail à réaliser en matière d’apprentissage des valeurs de la République : certaines Alliances seront à même de développer cette formation ; d’autres, non, compte tenu de la situation extrêmement variée de chaque Alliance au sein des 136 pays où le réseau est présent. Il appartiendra à l’ANAEM, conformément aux termes de ma circulaire, de déterminer en lien avec les autorités diplomatiques et consulaires le prestataire à retenir pour organiser le test et les formations.

L’enjeu de la connaissance de la langue française par les étrangers souhaitant séjourner durablement en France doit permettre de construire des liens soutenus et prolongés avec le réseau des Alliances françaises et la Fondation : a été évoquée par exemple la question de la formation des formateurs en langue française à l’étranger, ceux-ci pouvant être dotés d’un kit explicitant le niveau A.1.1. requis pour les migrants signataires d’un contrat d’accueil et d’intégration. Ce travail pourrait être conduit par l’Alliance française en lien avec le Centre International d’Etudes Pédagogiques (CIEP). Il permettrait d’homogénéiser le dispositif.

L’Alliance Française a également montré depuis longtemps sa compétence en matière de formation à la langue française en France. Je souhaite que le partenariat avec mes services et l’ANAEM s’intensifie à travers des dispositifs innovants.

Voici autant de sujets qui doivent nous permettre d’avancer dans la maîtrise de la langue par les migrants car c’est bien le défi premier pour assurer leur intégration dans notre culture mais aussi notre société.

Je vous remercie.