Paris, le 3 août 2009
Monsieur le Directeur,
Vous avez publié dans l’édition de Libération datée du 29 juillet dernier, une tribune signée par MM. Alain Mabanckou et Christian Eboulé intitulée « Festivals d’été : les artistes africains privés de visa ». A partir de quatre cas d’artistes qui n’auraient pu obtenir à temps leur visa pour participer au festival d’été de Carjac, les auteurs mettent en cause la politique française des visas à l’égard des artistes africains.
A la demande d’Eric Besson, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, je souhaite vous faire connaître que ce ministère est naturellement favorable à ce que les artistes étrangers puissent se produire en France. Ces échanges culturels sont riches, participant au rayonnement des pays partenaires. Aussi, le Ministre souhaite faire part de sa surprise face à ces allégations qui ne correspondent absolument pas à la réalité de notre action pour la délivrance des visas aux artistes étrangers venant dans nos festivals d’été.
En effet, au sein de ce ministère, un des bureaux de la sous-direction des visas a précisément pour mission d’assurer une étroite interface entre les organisateurs de festivals d’été et les consulats pour faciliter leurs démarches et notamment leur permettre d’obtenir des rendez-vous rapprochés. En outre, les consulats, quand ils sont alertés localement par des organisateurs de festival, souvent via les services culturels des ambassades, veillent également à accélérer d’eux-mêmes les procédures.
Les résultats de ces pratiques sont tout à fait probants :
En 2008, sur les 2536 artistes ressortissants de pays d’Afrique qui ont déposé une demande de visa pour se présenter en France, ce sont 2238 visas qui ont été délivrés. Le taux d’accord est donc de près de 90%.
En 2009, cinq dossiers de festivals, pour environ 400 artistes, ont été portés à la connaissance du ministère (donc hors contacts directs avec les consulats). Par ailleurs, au premier semestre, ce sont 1452 visas qui ont été délivrés contre 1072 pour le premier semestre 2008. Ce chiffre, en très nette augmentation, suffit à démontrer le grand intérêt porté aux échanges culturels, avec l’Afrique en particulier.
S’agissant particulièrement du festival de Carjac, le ministre regrette que les organisateurs n’aient pris aucun contact avec les autorités françaises. Ainsi, ni les consulats, ni ce ministère n’ont été alertés sur le cas de l’écrivain sénégalais Fadel Dia, ni sur les Ivoiriennes Awa et Maaté du groupe « Les Go de Koteba ».
La situation du journaliste mauritanien Mbarek ould Beyrouck est différente dans la mesure où il est titulaire d’un passeport normalement délivré aux fonctionnaires en mission de l’Etat mauritanien (passeport de service). Il a donc été traité comme tel par le bureau compétent du ministère des affaires étrangères, qui a donné son accord le 22 juillet. Mais à ce jour, M. Mbarek ould Beyrouck ne s’est pas présenté pour retirer son visa.
Je souhaiterais que les différentes informations fournies dans le cadre de ce courrier puissent être portées à la connaissance de vos lecteurs. Soyez assuré que mon cabinet se tient à la disposition de votre rédaction pour toute précision technique supplémentaire que vous souhaiteriez obtenir sur l’action de ce ministère.
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à l’expression de ma considération distinguée.
Monsieur Laurent JOFFRIN
Directeur de publication de Libération
11, rue Béranger
75003 PARIS
Christian DECHARRIERE