Lundi 15 décembre, le président François Hollande a inauguré le musée national de l'histoire de l'immigration, établissement qui est le seul musée national à n'avoir jamais été officiellement inauguré depuis son ouverture, il y a 7 ans. Comme si cette part de l'identité française ne pouvait être assumée, alors que l'histoire de France nous enseigne cette vérité: la France est le plus vieux pays d'immigration d'Europe et les Français doivent en être fiers.Cette visite est également pour le président de la République l'occasion de dire ce qu'est la France dans sa diversité, d'exprimer la reconnaissance de la France à l'égard des immigrés qui l'ont construite et de parler de l'immigration de demain.
La question migratoire ne doit pas être vue avec crainte et ne doit pas être pensée en des termes uniquement économiques ou identitaires. Le droit pour chaque individu à émigrer et à être accueilli est un droit de l'Homme inaliénable. Il est donc important de se fonder sur des constats justes et objectifs.
La vocation de ce musée national est de montrer l'histoire de l'immigration et de rappeler que l'intégration n'est pas un concept abstrait. C'est la fraternité en actes. L'histoire de l'immigration, c’est l'histoire de la République.Dès 1793, les révolutionnaires affirmaient dans leur constitution que la France "donne asile aux étrangers bannis de leur patrie". C'est en vertu de ce principe que la France a ouvert ses frontières à ceux qui cherchaient une vie meilleure. Par leur travail, par leur talent, par leur engagement, les immigrés ont contribué à l'enrichissement de notre culture, à notre démocratie et à notre développement économique.Il n'y aurait pas eu de révolution industrielle en France sans l'apport des populations des pays voisins comme la Belgique et l'Italie. Il n'y aurait pas eu de redressement après la Première Guerre Mondiale sans l'arrivée d'Européens de l'Est, notamment Polonais, Russes et Arméniens. Il n'y aurait pas eu les Trente Glorieuses et la France ne serait plus une des principales puissances politique et économique dans le monde sans l'apport des personnes immigrées d'Afrique du Nord, de la péninsule ibérique, arrivées dans les années 60.La France aurait-elle été libérée sans l’apport de l’armée d'Afrique qui a formé le coeur de la Première Armée du maréchal de Lattre de Tassigny et l’action du guinéen Addi Bâ, du polonais Marcel Rayman ou encore de l'arménien Missak Manouchian au sein de la résistance intérieure ?La culture française serait-elle aussi riche et influente sans Aznavour, Gainsbourg, Zola, Yourcenar ou Maalouf ? La recherche française serait-elle l’une des plus performantes au monde s’il n’y avait pas eu Marie Curie hier et Arthur Avila aujourd’hui ?Malgré cela, il y a toujours eu des démagogues pour attiser les haines, susciter la peur et désigner des boucs émissaires pour tous les maux de la société. Le mépris, le racisme restent malheureusement présents et les immigrés sont régulièrement accusés d'être des "profiteurs" alors même qu'ils contribuent davantage aux comptes sociaux qu'ils n'en bénéficient.
Les Français ne doivent jamais oublier que la France est le résultat de ces cultures venues d'ailleurs pour écrire l'Histoire de France et contribuer, toujours, à rendre la France plus forte. Apprendre et comprendre l'histoire de l'immigration, c'est comprendre ce qu'est la Nation, ce qu'est être Français. L'oublier, c'est oublier notre Histoire et ce qui fait notre grandeur à l'égard du monde.
Il n'y a aucune ambiguïté possible: la France doit être fière d'être un pays d'immigration. C'est un signe d'ouverture sur le monde; mais également d'un pouvoir d'attraction qui ne doit jamais faiblir.