Ce jeudi 20 août 2015 à Calais, Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, a signé avec son homologue britannique Mme Theresa May, un accord qui prévoit le renforcement des mesures sécuritaires et une augmentation des capacités de prise en charges des migrants identifiés comme vulnérables.
Au début de l'été, les tentatives de traversées par le tunnel sous la Manche avaient connu une très forte hausse. Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon, président directeur général d'Eurotunnel avaient évoqué ces difficultés liées aux intrusions massives dont fait l'objet le site du tunnel.
Des moyens exceptionnels pour assurer sa sécurité et prévenir les intrusions des migrants qui tentent de rejoindre le Royaume-Uni ont été apportés. Aux 5 unités et demi de forces mobiles présentes de manière permanente, 2 supplémentaires ont été ajoutées, soit une présence de plus 500 CRS et gendarmes mobiles qui s'ajoutent aux effectifs locaux. Au total, ce sont donc 1300 policiers et gendarmes qui sont déployés sur le site de Calais. Une mobilisation qui porte ses fruits : alors qu'on dénombrait 1700 tentatives d'intrusions quotidiennement il y a un mois, ce chiffre a déjà été divisé par 10.
L'accord de ce jour prévoit que le Gouvernement britannique va consacrer dix millions d'euros, sur deux ans, au renforcement de la coopération policière et apporter des moyens supplémentaires pour sécuriser le site, avec le financement de barrières de sécurité, de caméras de surveillance. Il va aussi aider Eurotunnel à augmenter ses effectifs dédiés à sa sécurité, qui vont être portés de 150 à 250 personnels.
Une nouvelle salle de contrôle sera créée, au sein de laquelle seront déployées des équipes supplémentaires de fouille du fret 24h/24 et 7 jours/7 pour réduire le nombre de passagers en situation irrégulière.
Des policiers britanniques vont être déployés à Calais pour aider les autorités françaises à lutter contre les filières de passeurs qui aident les migrants clandestins.
Un centre de commandement et de contrôle commun sera créé à Calais et un autre à Folkestone, pour collecter les renseignements et coordonner les opérations. Ce « commandement unifié » aura pour fonction de trouver et démanteler les organisations criminelles qui tentent de faire passer illégalement les migrants dans le nord de la France et à travers la Manche. Il sera sous la responsabilité de deux officiers français et britannique.
L'accord prévoit d' " intensifier l'observation " des migrants pour « identifier les plus vulnérables et les victimes potentielles de la traite », notamment les femmes et les enfants, et ce dans l'idée de les informer et de les placer en lieu sûr.
Ce qui implique des capacités de logement et de prise en charge pour empêcher que puissent avoir accès à ces populations vulnérables, tous ceux qui cherchent à les exploiter.
Les migrants bénéficient d'un accueil de jour avec douches et repas au centre Jules-Ferry, et des places de nuit sont aussi réservées aux femmes et aux enfants.
L'idée est aussi de favoriser les retours volontaires vers les pays d'origine, avec la mise en place de campagnes d'information et de programme d'aide au retour.
C'est le sens de l'action menée avec le Niger, où un centre de prise en charge des migrants devrait ouvrir ses portes d'ici la fin de l'année sous l'égide de l'Office International des Migrations; grâce à un financement européen et sous l'égide de l'agence européenne Frontex qui est en lien avec les pays de provenance.
Afin de mettre en œuvre les vols retour, une équipe conjointe pour éloigner les migrants illégaux sera mise en place, avec la contribution financière du Gouvernement britannique. La coopération portera également sur les capacités d'analyse et de traduction.
L'accord veut aussi augmenter les capacités de traitement des demandes d'asile et dans ce cadre « le Gouvernement britannique apportera une aide pour la mise en place d'hébergements dédiés, situés à une distance significative de Calais ». L'objectif étant de « diminuer la pression migratoire » dans le Calaisis.
Enfin au niveau international les deux pays souhaitent intensifier le dialogue avec les pays d'origine. Ils ont convenu d'organiser "une conférence de suivi à Paris, avec les autres Etats membres de l'UE, si possible d'ici la fin de l'année", et d'apporter un soutien à la Grèce et à l'Italie sur les "hotspots", zones d'attente à l'arrivée des migrants dans ces deux pays.