Intervention de M. Éric BESSON
Ministre de l’Immigration, de l’Intégration,de l’Identité nationale et du Développement solidaire
Réunion ministérielle franco-britannique : déplacement à Calais
Mardi 23 mars 2010
Seul le prononcé fait foi
Mesdames et Messieurs,
J’ai été heureux d’accueillir ce matin, dans le port de Calais, Phil Woolas, Ministre britannique chargé des Frontières et de l’Immigration.
Six mois après le démantèlement de la « jungle », le Calaisis n’est plus une plateforme du trafic international de migrants. Avec seulement 75 tentatives d’embarquement clandestin dans le port de Calais au cours des quinze premiers jours de mars, contre 1452 pour le mois de septembre 2009, nous avons réduit par dix l’activité des filières mafieuses.
Le nombre d’étrangers en situation irrégulière sur le littoral français de la Manche et de la Mer du Nord n’est plus que de 150 à 200, contre un millier voici encore quelques mois. L’ensemble des indicateurs le démontrent, que ce soient les recensements effectués par les services de police ou la fréquentation des points d’accueil gérés par les associations.
Comme je l’avais annoncé le 22 septembre 2009, ici même à Calais, nous ne laisserons pas les mafias de la traite des êtres humains reconstituer des lieux d’exploitation des migrants. 36 opérations de démantèlement de squats ont été menées au cours du semestre écoulé. Depuis le début de l’année 2010, 74 trafiquants ont été interpellés et la police nationale a mis fin aux activités de trois filières internationales opérant dans le Calaisis. Ces filières organisaient le passage vers le Royaume-Uni, contre plusieurs milliers d’euros, de ressortissants sri-lankais, irakiens et afghans.
Je voudrais rendre hommage à la police nationale et à la gendarmerie nationale, qui accomplissent leur mission avec détermination vis-à-vis des filières et avec humanité à l’égard des étrangers en situation irrégulière. Il s’agit d’une mission noble, celle de faire respecter les lois de la République, en ne laissant aucun point du territoire français aux mains des trafiquants d’êtres humains.
La baisse considérable de la pression migratoire dans le Calaisis n’aurait pas été possible sans une action conjointe des Français et des Britanniques.
La lutte contre l’immigration de transit vers le Royaume-Uni relève de notre responsabilité commune. A ce titre, tous les engagements pris lors du sommet francobritannique d’Evian, le 6 juillet 2009, ont été tenus.
Depuis le mois de septembre, le centre de renseignement franco-britannique installé à Folkestone, au Royaume-Uni, organise la lutte contre les réseaux de traite des êtres humains. Les résultats ne se sont pas fait attendre : une filière irako-kurde, opérant dans plusieurs pays européens, a été démantelée en novembre 2009 dans le cadre de l’opération « Sebeke ». D’autres importantes enquêtes internationales sont actuellement en cours.
Avec Phil Woolas, nous avons inauguré ce matin le centre de coordination opérationnel conjoint. Cette structure centralise désormais l’ensemble des opérations de contrôle menées sur les 6000 poids-lourds transitant chaque jour par le port de Calais. Elle permettra un meilleur ciblage de notre surveillance et une capacité d’intervention en temps réel sur les principaux points de montée clandestine dans les poids lourds, à partir des informations recueillies auprès des chauffeurs.
Il s’agit d’une étape essentielle du renforcement de l’ensemble des points de passage de notre frontière commune contre les trafics de migrants et de marchandises illicites. Tous les nouveaux investissements déployés, ainsi que leur fonctionnement, sont désormais pris en charge par le Royaume-Uni, conformément à l’accord signé à Evian.
Afin de consolider durablement les résultats obtenus, nous avons décidé avec Phil Woolas d’engager de nouvelles actions :
Des discussions seront ouvertes dans les plus brefs délais en vue de généraliser les échanges de données nominatives nécessaires à l’identification et au démantèlement des filières. Nous proposerons à la Belgique et aux Pays-Bas de s’associer à cette démarche, dans le cadre d’une approche régionale couvrant l’ensemble du littoral européen de la Manche et de la Mer du Nord.
Une campagne sera menée en Afghanistan pour informer les populations des risques de l’immigration clandestine. Il est temps de mettre un terme à la désinformation pratiquée par les trafiquants pour mieux exploiter et rançonner les candidats à l’émigration.
Nous coopérerons également pour démanteler les filières internationales à la source, à travers des partenariats avec les pays d’origine.
Nous continuerons également à agir au niveau de l’Union Européenne, pour mettre en oeuvre sans délai le programme de 29 mesures vers une police européenne aux frontières, qui a été adopté par l’ensemble des Etats membres, à l’initiative de la France, le 25 février dernier à Bruxelles.
Mesdames et Messieurs, la lutte contre les réseaux mafieux de l’immigration clandestine est un combat de tous les jours. Notre détermination commune n’a jamais été aussi grande.