Signature des conventions « Égalité des chances »
Université de Paris-Dauphine
Mercredi 01 avril 2009
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Président, cher Laurent BATSCH,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de me retrouver dans les murs de Paris-Dauphine, que j’ai visité encore récemment, en janvier dernier, à l’occasion de la création d’une chaire dédiée au management de la diversité, financée par la Fondation de Paris-Dauphine.
Aujourd’hui, j’ai souhaité venir ici pour saluer une initiative tout-à-fait remarquable.
Les Conventions « égalité des chances », que les Lycées Marcelin Berthelot de Pantin et Jacques Feyder d’Epinay-sur-Seine signeront dans quelques instants avec l’Université Paris-Dauphine sont exemplaires d’un nouveau volontarisme pour l’égalité des chances. Elles montrent que les acteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur sont entrés dans une nouvelle ère de la promotion de la diversité et du brassage social, qui sont le pilier de toute politique d’intégration.
Paris-Dauphine, université qui compte parmi les pôles d’enseignement les plus prestigieux de notre pays, réaffirme son engagement en faveur de l’égalité des chances en mobilisant ses moyens pour informer, encadrer, conseiller des lycéens de zones sensibles.
Je remercie Laurent BATSCH qui a mis au coeur de son programme de Président de l’Université, de relever le défi de la diversité ; il a su fédérer tout le collège des professeurs autour de cet objectif.
Le partenariat s’adresse à deux lycées qui souhaitent offrir à leurs étudiants l’accès aux meilleures filières, et le meilleur accompagnement possible pour y parvenir. Je voudrais saluer la démarche des équipes du lycée Jacques Feyder et du Lycée Marcelin Berthelot, qui déploient toute cette énergie au bénéfice de leurs étudiants, dans des zones dites « sensibles », où se joue le défi de l’intégration des familles issues de l’immigration. Vous montrez l’exemple à tous les autres lycées, qui j’en suis sûr s’engageront bientôt dans de tels partenariats.
Le talent pousse partout. Le talent pousse même mieux dans l’adversité. Le talent pousse assurément dans les zones sensibles, dans les zones d’éducation prioritaires. Il est urgent, et c’est un objectif majeur du gouvernement, que tous les talents puissent accéder aux filières d’excellence, quelle que soit leur origine, quel que soit leur milieu social. Nous devons encourager les jeunes des quartiers sensibles à ne jamais censurer leur ambition ; leur volonté de réussir doit être accompagnée et récompensée.
Cette initiative permet de donner plus à ceux qui ont moins. Elle permet de passer de passer de l’égalité théorique à l’égalité réelle.
L’objectif, comme l’a rappelé le Président de la République, c’est de relever le défi du métissage. Le métissage des idées. Le métissage des histoires. Le métissage des cultures. C’est ce métissage qui donne à la France son message universel. Ce métissage, nous ne pourrons le réussir que si nous offrons à chacun la promesse de la promotion sociale.
Répondre au défi de la diversité en recourant à des critères ethniques ou religieux conduirait à prendre des risques inacceptables : celui de réveiller de vieux démons. Celui de remettre en cause notre principe de laïcité. Celui de dresser les unies contre les autres des communautés rivales. Le critère à prendre en compte pour accorder une aide supplémentaire, c’est le critère social. Le critère social, c’est celui qui englobe tous les autres. Ce sont les territoires, les quartiers, les catégories les plus défavorisées, qui doivent bénéficier en premier du volontarisme républicain.
Aussi notre responsabilité politique, c’est de faire connaître toutes ces initiatives pour qu’elles se multiplient. Ainsi, en novembre dernier mes collègues du Gouvernement, Valérie PECRESSE, Ministre de l’Enseignement Supérieur et Fadela AMARA, Secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville, se sont rendues dans le lycée Jacques Feyder aujourd’hui signataire de la Convention, pour promouvoir les « Cordées de la Réussite », ce label de réseaux de partenariat entre les lycées, les grandes écoles, les universités et les entreprises.
Votre Convention « égalité des chances » et les « Cordées de la Réussite » portent le même message. La réussite académique ne se joue plus dans des lieux fermés. C’est l’ouverture qui est le gage du succès. Ouverture sur les autres. Ouverture à d’autres talents. Ouverture sur l’entreprise. Ouverture sur l’international. Ouverture sur le monde tel qu’il est.
Une politique d’intégration réussie repose sur une politique d’enseignement ouverte et responsable, une politique qui prépare les jeunes adultes à relever les défis que leur propose l’avenir. Cela passe évidemment par une plus grande reconnaissance de la diversité, des différences sociales, et des richesses de point de vue qu’elles portent en elles.
La liberté engendre la responsabilité : l’Université Paris-Dauphine incarne bien ce constat. En voulant donner plus de latitude aux universités on ne les isole pas dans leur projet d’excellence, bien au contraire : les pôles d’excellence ont besoin de rayonner, pour cela ils entraînent d’autres établissements et bâtissent de vastes partenariats pour asseoir leur ambition académique. Comme je le disais : le talent pousse partout aussi il faut aller le chercher là où il se trouve. Le talent se trouve aussi à l’IUT de Bobigny dont l’action doit aussi être distinguée.
L’ascenseur social, tel que nous le concevons, ce n’est pas seulement détecter quelques talents issus ou non de la diversité et faciliter leur accession aux filières d’excellence. L’ascenseur social, c’est s’assurer que tous les élèves, dans tous les lycées, puissent disposer de l’information nécessaire et faire leurs choix en pleine conscience. L’ascenseur social doit aller jusqu’au sommet de la tour, mais doit pouvoir s’arrêter à tous les étages, selon la volonté, le talent, les efforts de chacun. En s’associant à ce mouvement, l’IUT de Bobigny participe à cette dynamique d’ouverture.
Un point me semble à souligner dans cette Convention. L’accord porte sur une meilleure information, un meilleur accompagnement des lycéens des Lycées signataires. Toutefois, il est clair que les critères de sélection demeurent les mêmes que pour tous les autres candidats.
Ceci s’applique effectivement à tout type de sélection, et notamment le recrutement dans les écoles de la fonction publique, auquel vous avez dédié un autre programme d’accompagnement des candidats boursiers.
Conformément à la lettre du discours de Palaiseau, prononcé par le Président de la République en décembre dernier, il faut qu’il y ait « le même concours pour tous mais pas la même préparation. On rétablit l’équilibre au moment de la préparation ».
Personne ne souhaite que les règles soient faussées, et certainement pas ceux qui en seraient les éventuels bénéficiaires. La meilleure preuve de respect de ne pas brader le succès.
Je me tourne vers les lycéens.
Je voudrais que vous repartiez en vous souvenant de deux choses.
La première, c’est que rien ne doit brider votre ambition. Le projet républicain qui est le nôtre ne cautionne aucune forme de discrimination : aucun concours, aucun diplôme n’est hors de votre portée, si vous le désirez vraiment. Je vous souhaite donc, au moment où vous vous posez des questions d’orientation qui décideront de votre vie professionnelle, vous témoigner tous les encouragements pour la poursuite de la carrière académique qui se présente à vous.
Je voudrais aussi vous donner un conseil. Le fait que vous soyez présents ici montre votre détermination à réussir votre vie. Nombre d’entre vous vont connaître, par leur parcours, par leurs études, leurs expériences professionnelles, des univers complètement différents de celui dans lequel vous avez grandi. Alors n’oubliez jamais une chose : vous êtes le talent des quartiers qui vous ont vu grandir. Un jour, vous aussi vous aurez à donner : donner de votre temps, donner des conseils, donner un coup de pouce à un plus jeune que vous. Restez fidèles à vos origines, à votre histoire, à votre culture. La France est riche de votre diversité.