Réunion inter-services sur la luttecontre l’immigration clandestineen Méditerranée
Discours d’Éric BESSON,
Ministre de l’immigration, de l’intégration,de l’identité nationale et du développement solidaire
Paris, le 17 août 2010
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le préfet maritime pour la Méditerranée,
Monsieur le préfet du Var,
Monsieur le secrétaire général de la mer,
Monsieur le procureur de la République de Toulon,
Mesdames et Messieurs les chefs de service,
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre accueil, qui m’a permis de mesurer l’importance des moyens consacrés par la France à la protection de ses approches maritimes : d’abord à l’aéroport de Hyères-Toulon, avec la présentation de l’équipage d’un Falcon 50 de la marine nationale, puis sur le quai d’honneur de l’amirauté il y a quelques instants.
J’ai souhaité vous réunir aujourd’hui à la préfecture maritime pour vous passer un message de mobilisation : la lutte contre l’immigration clandestine en Méditerranée constitue une priorité nationale, au même titre que l’action que nous menons sur l’ensemble du territoire national.
1. Ce combat contre les filières criminelles du trafic de migrants, nous devons d’abord le mener sur nos côtes.
Le débarquement de 123 Kurdes syriens sur la plage de Paraguano en Corse-du-Sud, le 22 janvier 2010, a démontré que le territoire national pouvait être la cible de réseaux internationaux très organisés. L’interception par les gardes-côtes italiens, le 7 juin dernier au large des Pouilles, d’un voilier battant pavillon français avec à son bord 16 ressortissants turcs, est venu rappeler le risque de nouvelles routes d’immigration clandestine.
Dès le 25 janvier, j’ai réuni l’ensemble des responsables nationaux à l’état-major de la marine pour prendre de nouvelles mesures :
› Placer la lutte contre les filières d’immigration clandestine au centre de l’action de l’Etat en Méditerranée.
Conformément aux instructions du Premier Ministre, la surveillance a été renforcée en recourant à l’ensemble des moyens radars, nautiques et aéronautiques. Les contrôles des grands navires de plaisance ont été systématisés.
› Assurer la continuité des opérations en mer et à terre, avec l’objectif d’anticiper, de dissuader et d’adapter notre législation au débarquement d’un groupe d’étrangers clandestins.
La police aux frontières et la gendarmerie nationale participeront dès le mois de septembre au centre des opérations de la nouvelle fonction garde-côtes. En tant que de besoin, ce dispositif pourra bénéficier des analyses de la nouvelle unité de coordination du renseignement interministériel contre les filières d’immigration irrégulière, que j’ai décidé de créer en accord avec les ministres de l’intérieur, de la défense et du budget. J’installerai cette unité le 21 septembre prochain à la direction générale de la police nationale.
Le 27 septembre prochain, je présenterai à l’assemblée nationale un projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité, qui introduira la possibilité de créer une zone d’attente temporaire pour faciliter les procédures de non-admission en cas d’arrivée d’un groupe de migrants sur nos côtes.
2. Afin de tirer tous les enseignements des événements de Paraguano, nous devons également ouvrir une nouvelle étape de la coopération entre la France et l’Italie.
Le sommet franco-italien du 9 avril 2010 a décidé de généraliser les patrouilles maritimes conjointes pour la surveillance des approches de nos eaux territoriales, notamment par la coordination de nos programmes de patrouilles.
Dès la rentrée, je souhaite que nos travaux puissent avancer autour de cinq priorités :
› Echanger dans un premier temps les calendriers de patrouille et en temps réel le renseignement opérationnel.
› Planifier par la suite ensemble les programmes de patrouille au large de la Corse et de la Sardaigne.
› Envisager l’embarquement croisé d’un officier de liaison dans les patrouilles de l’autre pays quand cela est nécessaire.
› Mettre à l’étude un droit de suite dans les eaux territoriales de l’autre pays.
› Engager une coopération dans la formation des gardes-côtes.
3. Avec nos partenaires européens, nous avons engagé des efforts sans précédent pour renforcer la protection des frontières extérieures méridionales de l’Union Européenne.
Le 23 février 2010 à Bruxelles, j’ai proposé une feuille de route pour la création d’un système européen de gardes-frontières qui a été adoptée par l’ensemble des ministres des vingt-sept Etats membres.
Il s’agit d’abord de donner un mandat élargi à l’agence européenne FRONTEX, notamment pour coordonner plus étroitement l’engagement des moyens dans le cadre des opérations maritimes menées sous son égide. Notre objectif est de parvenir à la révision du règlement FRONTEX avant la fin de l’année. Une autre étape importante sera franchie dans les prochaines semaines avec l’installation dans le port du Pirée, en Grèce, d’un centre des opérations FRONTEX en Méditerranée.
Au moment où les moyens français viennent de terminer leur période d’engagement en mer Egée (opération POSEIDON) et s’apprêtent à être déployés sur le théâtre d’opération espagnol (opération INDALO), je voudrais saluer les contributions apportées aux opérations FRONTEX par l’ensemble des services que vous représentez. Au moment où notre mobilisation commence à porter ses fruits, nous ne devons pas relâcher nos efforts.